
Un locataire qui repeint un mur sans l’accord du propriétaire risque de devoir remettre les lieux en état à ses frais lors de son départ. Pourtant, le simple rafraîchissement d’une peinture ternie relève souvent de l’usure normale, non d’une négligence. La frontière entre entretien courant et travaux de rénovation soulève régulièrement des désaccords lors des états des lieux.
La réglementation distingue les réparations locatives des grosses réparations, mais la notion de vétusté, elle, donne lieu à interprétations. Certaines charges sont récupérables, d’autres non, et la couleur choisie pour repeindre peut suffire à faire basculer la responsabilité du côté du locataire.
Plan de l'article
- Peinture en location : ce que la loi impose au locataire et au propriétaire
- Qui paie la peinture ? Comprendre la répartition des frais selon les situations
- Vétusté, dégradations ou envie de changement : comment distinguer les cas courants
- Exemples concrets pour éviter les litiges lors de l’état des lieux
Peinture en location : ce que la loi impose au locataire et au propriétaire
Impossible de s’improviser juriste face à la législation. La loi du 6 juillet 1989 impose au propriétaire d’offrir au locataire un logement décent, ce qui implique murs et plafonds propres, sans humidité ni peinture écaillée. Le bailleur doit ainsi garantir des revêtements en bon état, conformément aux exigences du décret du 30 janvier 2002.
De son côté, le locataire doit entretenir le logement et effectuer les petites réparations du quotidien. Le décret du 26 août 1987 précise la liste de ces obligations : retouches mineures, rebouchage de trous, petits raccords. Mais s’il s’agit de refaire entièrement les murs suite à l’usure du temps, la facture revient au propriétaire.
Les travaux de peinture commandés à l’initiative du locataire créent souvent des tensions. Toute modification notable de la couleur ou volonté de personnaliser demande, en principe, l’accord écrit du propriétaire. Sinon, ce dernier est en droit d’exiger la remise des lieux dans leur état d’origine, surtout si le choix de teintes sort du cadre neutre attendu lors d’une relocation.
Le sujet peut être tranché dès la signature du contrat de bail : une clause spécifique à la répartition des frais ou à la participation financière du bailleur fait alors toute la différence. Pour les baux commerciaux, la loi Pinel encadre avec encore plus de rigueur la distribution des charges, mais chaque partie garde sa part de responsabilité sur l’état des peintures.
Qui paie la peinture ? Comprendre la répartition des frais selon les situations
Le financement des travaux de peinture en location dépend de la nature du problème : vétusté, usure normale, dégradation ou simple volonté de changement. Voici comment les responsabilités se répartissent selon les cas :
- Quand la peinture s’écaille ou devient terne avec le temps, on parle d’usure normale : c’est au propriétaire d’agir. L’article 6 de la loi du 6 juillet 1989 l’impose : garantir un logement en bon état, peintures comprises. Le locataire n’a pas à assumer ce type de vieillissement.
- En cas de dégradations anormales, comme des taches, graffitis ou modifications sans autorisation, la responsabilité revient au locataire. Il doit prendre en charge la remise en état, le propriétaire pouvant prélever la somme correspondante sur le dépôt de garantie, à condition de fournir un devis ou une facture.
- Si le locataire cherche à embellir ou personnaliser les lieux (changement de couleur, décoration originale), il prend les frais à sa charge, sauf accord écrit du propriétaire. Au départ, le bailleur peut demander un retour à l’état initial si la couleur choisie complique la relocation.
- Dans le cas particulier de la peinture au plomb (logements construits avant 1949), c’est au propriétaire de financer les travaux de mise aux normes pour protéger la santé des occupants.
Le locataire garde une marge de discussion : si les murs sont déjà abîmés à l’entrée, il peut demander une participation du propriétaire. Rien n’oblige ce dernier à accepter, mais une clause claire dans le bail permet d’éviter l’incertitude et les conflits sur la répartition des coûts.
Vétusté, dégradations ou envie de changement : comment distinguer les cas courants
Savoir différencier vétusté, dégradations et envie de changement permet d’éviter bien des tensions. La vétusté correspond à l’usure normale : peinture qui perd de son éclat, murs qui jaunissent, légères marques laissées par le temps. Dans ce cas, le propriétaire reste chargé de la remise à neuf, la loi du 6 juillet 1989 l’oblige à garantir la décence du logement.
Les dégradations sont d’un autre ordre : traces de feutre, rayures, impacts ou couleurs insolites appliquées sans autorisation sont imputées au locataire. Ces dégâts, causés par négligence ou initiative personnelle, justifient que le bailleur exige une remise en état et retienne le montant nécessaire sur le dépôt de garantie, preuves à l’appui.
Enfin, lorsqu’il s’agit d’une envie de changement, l’initiative revient au locataire. Une couleur originale ou une personnalisation trop marquée peut séduire, mais attention : à la sortie, le propriétaire pourra réclamer que les murs retrouvent leur neutralité si la décoration compromet la relocation. La jurisprudence autorise le bailleur à exiger un retour à des tons sobres pour préserver l’attractivité du bien.
- Vétusté : usure naturelle, à la charge du propriétaire.
- Dégradation : défaillance du locataire, donc à sa charge.
- Changement décoratif : initiative du locataire, avec possible remise en état à la sortie.
Ce cadre, validé tant par le décret du 26 août 1987 que par de récentes décisions de justice, donne à chacun une grille de lecture claire pour anticiper les travaux de peinture et éviter les déconvenues lors de l’état des lieux.
Exemples concrets pour éviter les litiges lors de l’état des lieux
Décrire précisément l’état des murs à l’entrée dans les lieux est une meilleure protection que bien des discussions : spécifier « peinture blanche, bon état, légères traces sur le mur nord » offre une base objective. Les photos datées jouent aussi un rôle clé : elles figent l’état initial, protègent locataire et propriétaire, et limitent les divergences d’interprétation.
Le jour du départ, pièce par pièce, mur par mur, la comparaison avec l’état d’entrée tranche le débat. Un locataire qui aura repeint en turquoise sans prévenir ne pourra s’opposer à une demande de remise en état. Cette pratique s’appuie sur la jurisprudence concernant les couleurs dites « extravagantes ». Inversement, si la peinture s’est simplement ternie de façon homogène, la charge du rafraîchissement revient au bailleur, conformément à la loi du 6 juillet 1989.
En cas de différend, il est prudent de conserver devis et factures pour justifier toute retenue sur le dépôt de garantie. Si le dialogue n’aboutit pas, la commission départementale de conciliation intervient en médiateur. Faute d’accord, la décision finale revient au juge. Ces démarches, encadrées par la loi, limitent les risques de conflit et sécurisent la gestion des travaux de peinture dans la location.
L’équilibre entre liberté de décorer et règles du bail repose sur une frontière parfois ténue : une nuance de couleur, un accord écrit, une photo prise au bon moment. De quoi rappeler que chaque détail compte, surtout quand il s’agit d’éviter que la couleur ne vire au casse-tête.

















































